(Grenoble, 1836 - Buré, 1904)
1863
Huile sur toile - Legs Van Cutsem - 1904
L’intense vie intérieure de cette lectrice exprimée dans une harmonie de tons foncés est renforcée par l’extraordinaire clair-obscur mettant en lumière son visage, ses mains et l’objet de son attention. La Lecture, présentée au Salon de Paris en 1863, fait partie des premières œuvres, par lesquelles, loin des mondanités habituelles du genre, Fantin-Latour s’affirme en tant que portraitiste singulier. L’artiste choisit pour modèles des figures familières et notamment ses deux sœurs, Marie et Nathalie, captées dans de paisibles activités du quotidien. Malgré le lien qui les unit, il pose sur elles un regard impersonnel et austère, en optant notamment pour une gamme chromatique restreinte. Dans ce climat mélancolique et calme, Fantin-Latour donne à voir des âmes occupées ou préoccupées. Comme le remarquera le célèbre historien de l’art Henri Focillon en 1928, "il fait taire autour d’elles la rumeur de la vie, il les enveloppe d’une grisaille méditative, il veut que s’élève de l’être humain, dans ses habitudes ordinaires, dans ses vêtements de chaque jour, cette espèce de musique silencieuse qui ne se définit ni en sentiments ni en idées, encore moins en phrases, mais qui est la résonance de son humanité."