(Grenoble, 1836 - Buré, 1904)
1883
Huile sur toile - Legs Van Cutsem - 1904
Fille d’un riche marchant anglais, Sarah Elizabeth Budgett, passa un temps par l’atelier de Fantin-Latour pour s’exercer à la peinture. Dans une sorte de mise en abîme de sa propre pratique, le peintre représente ici l’élève devenue modèle sur le point de peindre, sur la toile encore blanche, un bouquet de jonquilles. À partir des années 1880 et grâce au succès de ses natures mortes, Fantin-Latour peut se permettre de délaisser les portraits de commande pour se vouer à ce type d’»études d’après nature" ou de "figures de fantaisies". Ce sont pour la plupart des proches, des amis ou des membres de sa famille, saisis dans des moments de rêverie intime. Métaphore de la méditation et de l’inspiration, ce curieux portrait donne à sentir "le travail délicieux de la conception artistique", "l’inquiétude intellectuelle de l’artiste, […] l’élaboration réfléchie de l’œuvre qui se prépare". L’écrivain Huysmans y observa cette "tendresse exquise de tons", cette "franchise sans égale" qui distinguait alors Fantin-Latour des portraitistes convenus de son temps. Le peintre éprouvera d’ailleurs, l’année suivante, des difficultés à réaliser le portrait plus conventionnel que le père de la jeune fille lui commanda : "Mademoiselle, quand L’étude sera dans une collection publique, le Portrait sera dans un grenier", lui aurait-il affirmé. (Bibl. Laure Dalon, Fantin-Latour, A fleur de peau, Paris, Musée du Luxembourg, 2016).