01.04.2020 > 31.10.2020
Une exposition organisée conjointement avec TAMAT.
Grâce au pliage, une surface bidimensionnelle devient volume et organise l’espace en trois dimensions. C’est ce qui rend les plis fascinants. L’exposition explore le thème du pli dans sa définition la plus large, en se concentrant sur le textile. Outre l’art du tissu, d’autres expressions artistiques telles que la peinture, la sculpture, la photographie et la vidéo complètent un vaste panel d’œuvres évoquant le pli. Beaux-arts, arts appliqués, mémoire des métiers et histoire locale : la manifestation mélange volontairement les genres et décloisonne les catégories habituelles. Vingt-six aspects différents du plissé, tous sont déclinés entre les deux lieux d’exposition, de la lettre A à la lettre Z, dans une scénographie originale répondant à la logique de l’alphabet. À TAMAT, des vêtements et accessoires plissés voisinent avec les œuvres de créateurs contemporains qui renouvellent notre vision de l’art du pli. Pour le musée des Beaux-Arts, le pli est l’occasion d’aborder ses collections sous ce nouvel angle en s’attachant notamment à la question du drapé qui fut
une préoccupation majeure pour les artistes.
L’artiste belge Johan Muyle & les étudiants de l’atelier "Sculpture" de La Cambre investissait l’atrium du musée pour un accrochage étonnant des œuvres en trois dimensions du musée…
A l’occasion de l’exposition Plis. Art & textile et de l’installation de l’œuvre Mon Manège à moi c’est toi de Johan Muyle, nous avons invité l’artiste belge, de renommée internationale, et ses étudiants de la section ‘Sculpture’ de La Cambre (Bruxelles) à intervenir dans l’atrium du musée.
Mon Manège à moi c’est toi fait partie d’une série de sculptures d’assemblages réalisée par le Johan Muyle au début des années 90. Mise en mouvement par un mécanisme électrique, elle est la conjonction de représentations issues de deux cultures : une copie en plâtre d’une tête de déesse antique grecque – référence pour la statuaire de l’art occidental – est complétée d’une large robe qui, par ses tournoiements, fait quant à elle écho à la culture orientale et ses célèbres derviches tourneurs. Tournant continuellement sur elle-même, jusqu’à l’absurde, cette sculpture hybride et métissée condenserait-elle l’image d’un monde dans lequel différentes cultures veulent cohabiter mais qui pourtant "ne tourne pas rond" ? L’intitulé de l’œuvre, emprunté à la chanson écrite par Jean Constantin et popularisée par Édith Piaf, explore d’ailleurs ce rapport à l’autre en confrontant à l’échelle planétaire le sentiment amoureux où l’être aimé "fait tourner la tête".
Comme son titre l’indique, cette œuvre dynamique est conçue pour entrer en interaction avec le spectateur mais aussi, comme souvent chez l’artiste belge, avec l’environnement qui l’entoure. C’est ainsi qu’à l’occasion de l’exposition "Plis. Art & textile", Johan Muyle a souhaité repenser la mise en place de son œuvre au sein du vaste hall du musée, d’ailleurs conçu par Victor Horta pour accueillir la sculpture. Dans ce contexte et durant un atelier de deux journées en compagnie de ses élèves de la section Sculpture de l’école d’art bruxelloise de La Cambre, ils ont opéré un choix parmi les œuvres en trois dimensions de la collection. L’agencement déroutant qui en résulte montre la face cachée de certaines pièces du musée et invite le visiteur, déambulant dans les espaces, à créer ses propres associations.
On pourra sans doute percevoir dans ce parcours original, l’idée, chère à Brancusi, que la sculpture doit aspirer à être "une forme en mouvement". Les œuvres de Guillaume Charlier, Jef Lambeaux, Jacques de Lalaing, Charles Van Der Stappen ou Georges Minne, choisies pour environner l’œuvre animée, évoquent en effet le rôle fondamental joué par le pli ou le drapé pour exprimer la vie et défier la condition statique de la statuaire.